Au bout du pinceau
Publié le 5 Mars 2011
Le 1er mars (c'était mon anniversaire!), on m'a offert, entre autre, une famille de petits gris.
Eh oui! Après environ vingt ans de bons et loyaux services, mon pinceau préféré a rendu l'âme, usé d'avoir trop caressé la feuille!
Donc, après les avoir débarrassés de leur gomina, il fallait bien que je les inaugure ces petits nouveaux!
C'est parti!
Pas de musique. Celle des ustensiles et des gestes suffira. En arrière-plan, de rares chants d'oiseaux émoustillés par le soleil. D'ici quelques instants, je ne les entendrai plus, je les oublierai.
Le pinceau dans le verre d'eau. Je le secoue. Le bruit de l'eau. Celui du manche de bois qui heurte le bord du verre. Un tube de gouache Linel, du bleu de Prusse. Je l'ouvre. Un peu de couleur sur la palette. Je repose le tube. J'utiliserai aussi les résidus de précédents mélanges qui ont séché (noir intense, violet persan foncé, laque carminée...). De l'eau, de la peinture, encore de l'eau. Ça-y-est, les poils du petit gris viennent caresser le papier de coton. Fff...ffh! ffff...De la délicatesse...De l'énergie! De la douceur... Deux temps, trois mouvements. Va-et-vient. Entraîné par la musique du silence, le pinceau improvise une chorégraphie picturale dont le papier gardera l'empreinte pigmentée.
D'une tâche naît une âme,
Bleue comme la souffrance,
Sensible comme la plume
Caressant le papier
Froissé d'un vieux cahier.
Elle se noie dans la brume,
Saluée par le silence.
N'en faisons pas un drame.